Article écrit en janvier 2019, + addendum de novembre 2021.
« Je n’ai rien à cacher » est une courte phrase ‘bateau’, utilisée pour tenter de clore un sujet délicat, sujet délicat comme celui entrant dans le cadre de la vie privée.
Comment ça : « je n’ai rien à cacher » ?
Cacher, c’est dérober, se dérober à la vue, avec ou sans intention ; c’est prendre soin de ne pas dire, de ne pas faire connaître ; c’est se soustraire aux regards ; c’est déguiser ses sentiments ; c’est également fuir, éviter.
« Vous, vous me cachez quelque chose !«
Tout être humain, conscient ou non, cache quelque-chose. Cela va si loin que tout humain — ou presque — se cache à lui-même quelque-chose. Cela vient de non-dits, de tabous, de complexes (même infimes), de principes et de ne vouloir faire de peine à (une) personne.
« Ça lui ferait trop plaisir de savoir qu’il me fait peur…«
Non pas qu’il faille être franc, vrai et entier avec tout le monde ! La politesse — sainte (mais pas nécessairement saine) culture intellectuelle et morale de règles de vie sociale — permet d’éviter des conflits d’ego et de possibles affrontements.
« Pauvre con !«
— Jean Gabin, Le cave se rebiffe (1962) Gilles Grangier, dial.: Michel Audiard.
Alors, si effectivement, vous n’avez rien à cacher, pourquoi êtes-vous coiffé-e, habillé-e (allez hop ! Tout le monde à oualp!), voir épilé-e ou maquillé-e ? Si vous n’avez rien à cacher, n’hésitez pas à me dire avec qui vous couchez. Si vous n’avez rien à cacher, à me donner votre carte bleue avec son code d’accès…
« Tout nu et tout bronzé !«
— Pierre Perret.
« NON ! C’est Carlos, le chanteur 🤣«
— ADDENDUM —
TOUJOURS RIEN À CACHER ?
Avec le gadget qui s’impose à vous au quotidien, votre vœu est exhaussé !
Votre identité, qui n’est pas l’humain que vous êtes, est entrain, et en très bon train, de se centraliser sous forme unique et numérique, jointe à votre identité génétique (par prélèvement de votre ADN via de pseudo-tests). Donc, tout ce que vous faites, consultez, regardez, écoutez, écrivez, de plus en plus direz, consommez et bientôt pensez est identifié, stocké, analysé, monétisé et donc bientôt censuré.
En quelques mots : Vous humains disparaissez au profit de votre identité qui pourra, à tout moment, être annihilé de la société.
Comme ce vœu n’est pas mien, je vous le laisse bien volontiers.