Cyclistes

Article inédit ! écrit en mars 2019.

Dans l’univers réglementé des piétons, qui composent la sous-race des humains — la race supérieure étant donc motorisée —, il existe une catégorie ayant un cycle avec pédalier entre les jambes : le cycliste. Comme il y a les gentils et les méchants dans les contes de fées, il y a le « pauv’con » qui pédale pour se déplacer (aller bosser, faire ses courses, etc.) et, comme tout bon piéton, il doit subir au quotidien les autres piétons, ainsi que les véhicules motorisés, et ces véloces sportif au maillot-hauts-en-couleurs-vives-et/ou-fluo-bariolées (toujours en groupe, tel un bétail faisant l’inexorable course vers un quelconque abattoir).

Ne seront donc pas abordés les « cyclistes du dimanche« , le « petit con sur sa roue arrière » ou le « pauv’con » susnommé.
Nous nous intéresserons ici aux sportifs, ce compacte et massif cyclone composé de fameux connards groupés.

« Lorsque j’ai appris qu’un camelot [lors d’un Tour des 3 Gaules] avait viré un coureur de son vélo avant de fuir avec, j’ai eu un long moment d’extase.« 

— Un pote, supporteur des 24H du Saumure à la mure.

Qu’ils soient deux ou cent, c’est toujours de front qu’ils roulent, à la ville comme à la campagne ; leurs frontières étant uniquement : les caniveaux à trottoir indigent, ou les bas-côtés herbeux à fossé dissimulé, d’un côté et de l’autre : les lignes blanches qui, parfois, limitent leur cyclopéenne effronterie, mais parfois seulement.

Et nul ne peut intervenir pour tenter de les amadouer afin que, enfin ! ces pédants pédaleurs rentrent dans les clous. « Un clou chasse l’autre » dit le proverbe, mais lorsqu’il est vissé en plein dans la tête et y tourne, tel un petit vélo, en cyclolèle [1], rien n’y fait. Comme ces cyclistes sont, par leurs hauts faits, des élites de « la route« , pourquoi ne pas les intégrés à la rubrique feuilletonnesque Élu, c’est quoi ? ? Parce que ça ferait bien chier ses auteurs CACAiens.

Les cyclistes sont…
les rois du bitume, les rois du pavé !

Alors randonneur à la recherche d’un havre de paix et d’un petit boulot alimentaire, j’ai plusieurs fois été confronté à ces terreurs. Entre le « Bouge de là, connard !« , les coups de pied dans mon volumineux sac-à-dos pour me pousser de l’asphalte et la contrainte de fuir l’attroupement massif en plongeant dans un fossé remplaçant provisoirement un ru gonflé d’eau glacée, j’avoue avoir une profonde antipathie envers ces apaches [2] du macadam. « T’as qu’à prendre les chemins plutôt que les routes !« , me diriez-vous. Pour réponse : n’habitez jamais dans un département qui fait la promotion du VTT/VTC, au risque de vous faire emplafonner à tout va en croisant un « chemin réservé« .

Les cyclistes : les rois des côtes.

Lorsque j’étais gamins, ma mère, qui eu finit de préférer l’italienne mini-voiture « pliable » à son vélo Jojo, ne se déplaçait plus qu’à la force de ses mollets. Il y avait, sur son porte-bagage, un siège enfant où l’on trouvait plus souvent logé une cireuse électrique, une bouteille de 13 kg de butane — vide à l’aller et pleine au retour —, un sac de 25 kg de patates et/ou 10 de carottes, que sa descendance. Et, lorsqu’elle croisait, en monté d’une côte, chargée de ses courses de la semaine, les pédagnes [3] emmaillotés souffrant sur leur grand plateau, elle les doublait, debout sur ses pédales, en danseuse cadencée, sans la moindre vitesse à sa roue. Je ne me souviens plus si, en plus, elle n’avait pas une clope au bec.

Rien n’arrête les cyclistes.

Un jour où j’eus le courage de me rendre chez mes parents, à l’époque exilés près d’une frontière administrative montagneuse, j’eus le déplaisant constat de voir tout un troupeau, dételé de sa monture, arroser, allègrement et sans peine, la haie du jardinet, déjà bien incommodée de précédents multiples passages semblant quotidiens. J’avoue avoir eu envie de prêter main forte à ma mère en y disposant le long une clôture électrique invisible, mais branchée au courant domestique. Pourquoi ? Parce qu’en plus de pisser, ils l’insultaient en lui montrant leur cul !

Les cyclistes :
après leur passage, plus d’herbe ne pousse.


Avez-vous déjà assisté à une course aux parcours nationaux ? c’est des tonnes de détritus lâchés des camions publicitaires, avant le passage, à toute vitesse, des coureurs jetant tout ce qui pouvait être inutile pour leur sprint. Ça a peut-être changé depuis… Mouais… Une association, de par chez nous, organise des courses cyclistes en tous genres, avec jets de prospectus non recyclables depuis le cul d’un camion crachant des fumées dignes de celles d’un poids-lourd militaire roulant au mazout, juste pour faire la promo… pour vous occire sans gène ?

Ces cyclistes ?
On va bien finir par leur péter la gueule !
… Non ?

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[1] Cyclocèle : ancien terme de zoologie. Qui a un canal intestinal disposé en cercle.
[2] Apaches : regroupement, en bandes organisées, de voyous du début du vingtième siècle, habillés de cuir, et rançonnant tout quidam traversant les portes de Paris.
[3] Pédagne : nom qu’on donnait au marche-pied où le forçat, qui ramait dans une galère, posait celui de ses pieds qui était enchaîné.

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